Article de Cécile Couturier pour l'Echo n°91 (janv. 2023)
Allier vélo et vie active, en milieu rural ? Pour certains, c’est possible et la Maison de l’écomobilité, à Saint-Rémy-lès-Chevreuse, y est pour beaucoup.
L’emploi du temps matinal de Béatrice, habitante de Chevreuse, est parfaitement rodé. Elle emmène sa première fille à l’école primaire et sa seconde à la maternelle, puis rejoint la gare de Saint-Rémy-lès-Chevreuse. Là, elle laisse son engin au parking, prend le RER B direction La Plaine-Stade de France et descend huit stations plus loin, à Massy-Palaiseau. Encore quelques minutes à pied, et la voilà au boulot : 50 minutes en tout, porte-à-porte. Comment a-t-elle rejoint les écoles et à la gare ? Pas en voiture, mais à vélo électrique (vélo à assistance électrique, VAE). Plus précisément, un cargo : elle met ses enfants dans le porte-bagage, et en route ! « En théorie ce serait possible avec un vélo classique… si j’étais moins chargée, explique Béatrice Joubert-Normand. Là, avec deux enfants, leurs sacs, et le mien contenant un ordinateur, ce serait vraiment dur. D’autant que nous habitons dans les hauteurs de Chevreuse, dans le quartier du Rhodon : le matin ça descend mais le soir, ça monte ! »
Cette organisation, son mari et elle l’ont pensée avant même d’emménager, en 2021. Ils étaient à Massy, cherchaient la verdure en même temps que la proximité du RER. Mais pas à n’importe quel prix : « La condition sine qua non, c’était : oui à un deuxième moyen de transport, mais pas à une deuxième voiture. Pas question de rajouter à la pollution ambiante. » Et au final, ça se passe comment ? « Mon mari a aussi son vélo et nous partageons les trajets scolaires. Au quotidien, nous faisons quasiment tous nos trajets en cargo. La voiture ne nous sert plus que pour aller à Gif-sur-Yvette ou partir en vacances. »
Le dernier critère qui a joué en faveur de l’option Chevreuse-VAE, c’est la possibilité de garer leur moyen de transport dans un parking fermé réservé aux cycles. Situé juste en face de la gare, cet équipement sécurisé est géré par L’Aiguillage, la Maison de l’écomobilité et du tourisme durable créée par le Parc en 2019. Les Joubert-Normand sont donc abonnés au parking : ils ont chacun leur badge qui leur permet d’accéder au lieu, quelle que soit l’heure et le jour. Et même, si besoin, d’y recharger la batterie. Outre l’information dédiée au tourisme et aux loisirs, L’Aiguillage est en effet un vrai pôle multi-services pour les cycles, toutes catégories. On peut y acheter un VAE, louer des vélos classiques ou électriques, mais aussi des remorques, sièges enfants, sacoches et parcours de GPS... A l’atelier, on s’occupe de tous types de réparations, explique le responsable, Nicolas Louis dit Pouleau : « Des problèmes les plus fréquents – crevaison, changement de chaîne ou de plaquette de frein – aux réparations plus complexes, comme l’entretien de suspension, le changement de pédalier, le voilage de roue voire le démontage complet de vélo. » Ici, on soigne presque tout ! Même les soucis plus techniques des vélos électriques. Il y a l’entretien (les VAE doivent être révisés régulièrement, généralement tous les 1000 kilomètres), les mises à jour logicielles, mais peuvent aussi régler les problèmes de moteur : « On peut l’ouvrir et changer des pièces mécaniques. »
« Ces deux dernières années, à l’Aiguillage, la demande liée au cycle, jusqu’alors timide, s’est envolée. Les ventes de VAE sont passées de 9 en 2019 à 65 en 2020, et 69 en 2021. De même, l’activité de l’atelier a été multipliée par cinq, s’établissant à plus de 1000 prestations annuelles en 2021. Et depuis la rentrée se septembre 2022, il y a encore une augmentation de la demande sur le cycle », affirme Pouleau. De plus en plus de personnes viennent nous voir parce qu’elles se mettent à utiliser un vélo au lieu de leur voiture pour aller à la gare. L’augmentation des prix de l’essence y est pour beaucoup. Et puis, l’électrique ouvre des portes aux personnes qui ne naviguaient pas dans le monde du vélo avant, ou qui ne pouvaient pas en faire parce qu’elles sont âgées, ont des problèmes de santé… »
Maxime Pennequin, jeune retraité habitant Saint-Rémy lès-Chevreuse, enfourche son VAE deux à trois fois par semaine pour aller prendre le RER « mais aussi faire des petites courses à Saint-Rémy lès-Chevreuse ou Courcelles-sur-Yvette, aller à la médiathèque de Magny-les-Hameaux… C’est vraiment pratique, je fais environ 40 km de vélo par semaine. Le seul bémol, c’est le manque de pistes cyclables. » Avec tout ça, notre bonne vieille bicyclette, qui avance grâce à nos gambettes, va-t-elle être reléguée aux oubliettes ? « Le vélo musculaire n’est pas du tout en perte de vitesse, assure Pouleau. Il reste un repère central. En fait, un type de vélo ne vient pas remplacer l’autre : c’est la quantité totale de vélos en circulation qui est en train d’augmenter. »
Que fait le Parc ? Le Parc oeuvre en faveur du développement d’une mobilité plus active et encourage particulièrement les déplacements à vélo, dans le cadre de pratiques touristiques (itinéraires de randonnée à vélo, aménagement de liaisons douces, création de la maison du Tourisme et de l’Eco mobilité, etc.) mais également pour les trajets du quotidien (parking accessible à l’année, aide à l’installation d’arceaux vélo à proximité des commerces et des équipements publics). Pour aller plus loin encore, la commission Tourisme, Liaisons douces a décidé de créer une nouvelle aide financière qui permettra d’aider au développement des équipements de services vélo : stationnement, gonflage, lavage, réparation ou encore recharge, consignes de sacoches/casques, etc. Collectivités, entreprises et associations peuvent la solliciter auprès du Parc : www.parc-naturel-chevreuse.fr/le-fonctionnement/les-aides
L’Aiguillage est situé dans l’ancienne maison du garde-barrière, en face de la gare RER de Saint-Rémy-lès-Chevreuse. Ses services liés aux cycles :
Ouvert : mardi 9h-13h, mercredi au dimanche 10h -13h et 14h-19h - 01 34 60 14 45 - www.laiguillage-tourisme-mobilite.fr
