Mis à jour le 29 novembre 2022
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Logement social, rural et durable

Avec un foncier élevé, 74% de propriétaires et autant de cadres supérieurs, le logement social a parfois du mal à trouver sa place dans le paysage de la Vallée de Chevreuse. Mais depuis quelques années, de petits ensembles fleurissent au coeur des villages. La mixité sociale est en marche.

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Avec un foncier élevé, 74% de propriétaires et autant de cadres supérieurs, le logement social a parfois du mal à trouver sa place dans le paysage de la Vallée de Chevreuse. Mais depuis quelques années, de petits ensembles fleurissent au coeur des villages. La mixité sociale est en marche.

 

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logements sociaux chevreuse ancienne gendarmerie

Il est des domaines où le Parc a été meilleur élève : la préservation du patrimoine, l’éducation à l’environnement, la restauration de la qualité des cours d’eau... Mais du côté du logement social, malgré des efforts de rattrapage ces dernières années, le Parc, à l’image de nombreux territoires ruraux, ne figure pas en haut du tableau. Avec 9,4 % dans le périmètre d'avant 2011 et 9,25% avec les communes de l’extension, le taux de logement aidé a encore du mal à atteindre la moyenne francilienne (23%). Sur quatre communes tenues par la loi SRU de présenter 20% de logement social, trois n’y parviennent pas encore mais s'emploient à rattraper leur retard à travers un contrat de mixité sociale. On note ainsi une progression de +26,5% des constructions de logements sociaux entre 2000 et 2008. Pendant ce temps, le Parc a fixé dans sa nouvelle charte l’objectif d’accompagner au plus près les communes dans leur programme de logements sociaux. Et dans les villages non assujettis à la loi SRU, les initiatives se multiplient pour créer des logements à la fois sociaux, intégrés dans le patrimoine et parfois même écolos. Car en 2010, le petit logement social, inséré au coeur des villages, ça existe. La preuve par quatre.

Auffargis : et la vie repart…

Une opération de logement social peut parfois permettre de redynamiser un village lorsque cela est conçu dans une réflexion globale. A Auffargis, à quelques encablures de l’église, 9 maisons individuelles et 6 appartements ont récréé un îlot de vie. « Les logements sociaux sont parfois éloignés des centres-bourgs, explique Bernard Rombauts, architecte au Parc, à Auffargis, c’est tout le contraire. Ils se trouvent non seulement dans le centre, mais en plus ont été conçus autour d’une sente, raccordés aux transports en commun et ont permis de repenser le coeur de village avec la création d’un commerce de proximité ».
Bref, mieux insérés dans le patrimoine comme dans le tissu local, c’était difficile. « Cette intégration particulièrement réussie a été possible car nous avons vendu à I3F, un acteur majeur du logement social, un terrain qui était enclavé avec le projet de notre architecte, rappelle Gérard Chivot, adjoint à l’urbanisme. Proposer des logements groupés de petite taille aux couleurs locales et bien intégrés dans l’environnement, était pour nous le seul moyen de faire passer le projet auprès de la population. » Aujourd’hui, les Fargussiens se félicitent, leur commune est citée en exemple dans tout le département pour avoir réussi le pari de densifier son centre-ville sans le dénaturer. « Cette opération est pour nous le moyen d’offrir un nouveau souffle à notre village. Grâce à ces nouveaux habitants, nous espérons donner un coup de pouce à nos commerces et remplir un peu plus nos écoles. » Quand le logement social permet de faire battre à nouveau le coeur des villages...

Saint-Lambert, 7 ans de labeur  
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logement social à saint-lambert

Développer un programme de logement social dans une petite commune rurale relève souvent du parcours du combattant. A Saint-Lambert-des-Bois, la municipalité a souhaité conduire le projet de A à Z et garder la maîtrise d’ouvrage de l’opération de réhabilitation du bâtiment du 15/17 rue de la Mairie. Cinq années ont été nécessaires, de la date d’acquisition du bien à la réception finale du chantier. Dans cet ancien presbytère jointif de l’ancienne école communale des filles : 9 logements sociaux, du studio au T4. « Notre première difficulté a consisté à faire passer le projet auprès de la population. Les a priori sur le logement social sont encore nombreux : nous avons dû changer de vocable et parler de logement rural et développer un argumentaire de création de logements locatifs à destination des jeunes pour leur permettre de rester dans leur bassin de vie et des familles pour assurer la pérennité de l’école du village. Il nous a fallu ensuite solliciter le maximum de subventions possibles afin de réduire le coût pour la commune des travaux et de la surcharge foncière. L’ensemble des partenaires institutionnels (Etat, Région, Département et Parc) nous ont aidés à faire avancer le projet, de l’expertise initiale à la restauration du cadran solaire de1635. » « Le résultat est superbe se félicite Bernard Rombauts, architecte au Parc ; le bâtiment a su conserver son cachet patrimonial et ajouter des touches contemporaines. » Pourtant, l’immeuble a bien eu du mal à séduire un gestionnaire. « Le plus difficile a été de trouver un opérateur, qui n’avait pas eu la maîtrise d’ouvrage, acceptant de prendre en charge la gestion locative dans un programme de 9 logements. La Sogemac, entreprise sociale pour l’habitat a accepté. » Depuis le mois de mars, la commission d’attribution examine les candidatures des futurs locataires.

Saint-Rémy-lès-Chevreuse : logé et accompagné

L’association Solidarités Nouvelles pour le Logement cherche un toit pour les plus démunis.
A Saint-Rémy-lès-Chevreuse, au 7 rue Ditte, juste en face de la gare, un pavillon devrait accueillir prochainement 5 familles. Le bailleur se nomme SNL Yvelines, l’association Solidarités Nouvelles pour le Logement et fonctionne de manière bien particulière. Dans l’association, le développement des logements part toujours du terrain. Des bénévoles se regroupent et cherchent des logements à réhabiliter pour des personnes seules ou des familles en situation précaire, exclues par manque de ressources du logement social dans le parc HLM. Patrice Bony compte parmi les moteurs du groupe de bénévoles de la vallée de Chevreuse fondé en 2007. Nous l’avons rencontré :

Comment avez-vous eu l’idée de créer le premier logement de la SNL à Saint-Rémy-lès-Chevreuse ?

De façon très naturelle, j’habite Cernay-la-Ville depuis 20 ans et j’ai toujours été persuadé que le logement social pouvait avoir sa place dans le territoire. Ma rencontre avec le SNL a été décisive. J’ai décidé de me remonter les manches et d’activer mon réseau. Saint-Rémy-lès-Chevreuse nous a paru être la meilleure implantation possible pour ce type de logement du fait de sa proximité avec les transports en commun. Et le maire a accueilli favorablement notre démarche et fait voté une subvention de 75 000 €.

Est-ce plus difficile de développer du logement social dans un Parc naturel régional ?

Ce qui freine surtout dans un Parc, c’est le coût de l’immobilier. Il faut aussi parfois bousculer les mentalités. Mais si l’on regarde les articles de la nouvelle charte du Parc, nous sommes tout à fait en phase. L’objectif de la SNL est de construire du logement social dans les centres-villes, de densifier les dents creuses, de privilégier les matériaux sains.

Votre association s’adresse aux personnes les plus démunies ; pour elles habiter dans un PNR, est-ce un atout ou un handicap ?

C’est un atout dès lors que le logement se trouve desservi par les transports en commun, ce qui est plus facile à Saint-Rémy-lès-Chevreuse ou Chevreuse qu’à Milon-la-Chapelle. Souvent, on nous oppose l’argument du manque de travail. Mais ce n’est pas vrai ! Si l’on ne considère que le secteur des maisons de retraite de Chevreuse et Saint-Rémy-lès-Chevreuse, il y a des centaines d’emplois d’aides soignants, de femmes de service, d’agents d’entretien. Il n’y a qu’à se poster à la sortie du RER très tôt le matin pour le constater. De nombreuses personnes viennent de la banlieue nord pour travailler dans le Parc. Elles seraient sûrement très heureuses de pouvoir aussi y habiter.

Vous prévoyez un logement très écologique, est-ce toujours le cas pour vos réhabilitations ?

Ce n’était pas le cas autrefois mais cela devient une priorité car nous nous sommes rendus compte que nos locataires payaient parfois plus de charges que de loyer. Rue Ditte, l’ensemble du bâtiment sera isolé par l’extérieur et prévoit d’obtenir le Label BAU Neuf (Bâtiment Basse Consommation, soit 65 KW par m2 par an). Le chauffage central sera assuré par une chaudière à bois, l’eau chaude sera produite par des panneaux solaires… Les charges incombant aux locataires devraient être très faibles.

Il vous manque encore quelques fonds, combien ?

Le montage d’une telle opération sollicite aussi bien des fonds publics que privés. Il nous reste encore 50 000 euros de dons à trouver mais nous avons également besoin de bénévoles pour accompagner les locataires, les aider à entretenir et aménager leur logement, nous donner un coup de pouce sur les aspects administratifs. Et puis, la mairie de Chevreuse vient de nous solliciter pour un nouveau projet. Nous allons avoir besoin de nouvelles bonnes volontés.

En savoir plus : SNL, www.snl78.fr

Le Mesnil-Saint-Denis : opération intégration

Quelques photos valent parfois mieux qu’un grand discours. Au Mesnil-Saint-Denis, 53 logements sociaux ont été réalisés en centre village. Dans une tour ? Non dans de charmants pavillons avec jardinet et vue imprenable sur le clocher.

 

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Opération d'intégration au Mesnil

 

Article d'Hélène Binet dans l'Echo du Parc n°49

 

 

 

 

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