Mis à jour le 19 octobre 2022
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Les centre équestres aidés dans leurs pratiques éco-positives

Une centaine de structures équestres sont installées dans le Parc. En matière de protection de la biodiversité et des ressources naturelles elles ont aussi un rôle à jouer ! À condition d’être bien accompagnées. Le Parc s’y attelle.

Article de l'Echo du Parc n°88 (novembre 2021), Cécile Couturier.
 
« Lors du premier confinement, plusieurs centres équestres vivant de l’activité de poney-club nous ont appelés à l’aide. Alors nous nous sommes dit qu’il y avait quelque chose à faire, raconte Clarisse Blanchard chargée de mission agriculture au Parc. Ils n’avaient plus aucune rentrée d’argent mais toujours des charges à payer, les chevaux à nourrir et pas les moyens d’acheter du fourrage... Ils cherchaient des terres ou des aides. Beaucoup étaient démunis. »
 
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Le Parc décide donc de mettre à jour sa connaissance du secteur, pour mieux l’accompagner. Les professionnels peuvent déjà bénéficier d’aides du PNR, en tant qu’exploitants agricoles (pose de clôtures, bardage bois...) ou comme résidents du territoire (conseils paysagers, plantation de haies, etc.) mais ils le savent rarement. Il s’agit donc de mieux faire connaître les actions, et d’en inventer d’autres pour favoriser la prise en compte de l’environnement. Car les centres équestres, qui couvrent plus de 3000 hectares au total, peuvent être des acteurs clés de la santé des milieux naturels en préservant des trames écologiques pour la bonne circulation des espèces. Les Plans Paysage et Biodiversité du Parc (PPB) soulignent d’ailleurs le rôle écologique primordial que peut jouer la filière cheval.

Enquête en terre équestre

 
Margot Nicolas est arrivée en janvier. Élève en master 2 Gestion de l’environnement à l’université de Lyon - Saint-Etienne, elle a été accueillie pour son stage au service agriculture du PNR. Six mois durant, elle a inventorié les acteurs de la filière, les a questionnés et rencontrés. « L’un des principaux enseignements ? Leur priorité est souvent l’équilibre économique. Les préoccupations environnementales existent, mais dans un second temps, » explique Clarisse Blanchard. Il existe par exemple un Règlement Sanitaire Departemental pour la gestion du fumier mais il reste peu contrôlé. Pourtant, il y a des marges de progrès qui seraient accessibles mais ne sont pas connues. « Notre idée n’est donc pas de pointer du doigt les exploitations, qui font ce qu’elles peuvent, mais plutôt de leur faire prendre conscience des impacts environnementaux de leur activité et de les aider à se mettre en conformité. »
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Sur la question du fumier, par exemple. La loi n’est pas toujours respectée : la mise aux normes coûte cher et les enjeux sont mal connus. Or, quand le fumier est posé « par terre », son « jus » coule et s’infiltre dans le sol. Les nitrates, issus de la décomposition des déjections, vont alors polluer les eaux souterraines et les rivières. Pour éviter cette pollution, la réglementation impose que chaque exploitation ait une fumière, cuve imperméable dans laquelle est entreposé le fumier avec une cuve de récupération des jus. Quant aux vermifuges, traitements contre les vers régulièrement donnés aux chevaux, ils se retrouvent dans le crottin et sont fatals pour la faune coprophage (la famille des scarabées).

Fumier et crottin, pas anodins

 
Que peut faire le Parc ? « Avec l’Institut français du cheval et de l’équitation et le comité départemental équestre ), nous réfléchissons à des aides financières et des formations pour améliorer le stockage des crottins. » Pour les vermifuges, nul besoin de traiter systématiquement un cheval quatre fois par an : « deux fois peuvent suffire. Il est aujourd’hui possible de faire des analyses pour savoir si l’animal a des vers et faire ainsi l’économie d’un traitement inutile, » précise Clarisse Blanchard. Les traitements naturels à base de plantes, ou la poudre de diatomée contre les vers, élargissent aussi la palette d’outils. Le PNR organisera bientôt une journée à destination des professionnels de la filière ainsi que des visites dans les structures qui expérimentent ces nouvelles pratiques, pour les faire découvrir aux professionnels.
 
Autre enjeu de taille : le pâturage. Ou plutôt, le surpâturage (voir encadré). Comment faire autrement ? On peut organiser une rotation sur la parcelle, en laissant toujours une zone non pâturée : une semaine à brouter sur ce bout de pré, et hop, on passe au suivant pour laisser le temps à l’herbe de repousser avant d’être à nouveau broutée ! Les structures peuvent planter des arbres entre les paddocks. « Cela crée des couloirs pour la faune et la flore et permet de limiter le ruissellement, mais c’est aussi vraiment bénéfique pour le bien-être des animaux : les chevaux sont ainsi protégés du soleil, du vent et de la pluie et apprécient ces zones refuge ! » Autre source d’inspiration : le concept « d’écurie active » qui peut être une alternative à la vie en box : les chevaux disposent de zones distinctes où se nourrir, se reposer, s’abriter et ils s’y rendent à leur rythme et selon leur envie. « Cela favorise leur liberté de mouvement et la vie en groupe. Sans tout refaire, des adaptations sont possibles pour s’inspirer du concept. »
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Reste la question de l’eau. L’arrosage quotidien du sable dans une carrière est de 8 m3 en moyenne en été. Un volume colossal quand on multiplie par le nombre d’exploitations de la région. Les conseils pour limiter la consommation d’eau : installer un minuteur pour programmer les arrosages de nuit (ce qui veut dire moins d’évaporation en saison chaude) et des récupérateurs d’eau de pluie. Le Parc va proposer de nouvelles aides pour l’acquisition de tels dispositifs, mais aussi pour des revêtements de sol alternatifs : « Le sable fibré, mélange de sable et de fibres synthétiques, permet d’arroser trois fois moins », explique Clarisse Blanchard. Il y a aussi des matières synthétiques recyclées qui ne demandent pas d’arrosage du tout.

Pâturage alterné

 
Les structures équestres ont donc aussi un rôle à jouer préserver la qualité des écosystèmes, les espèces sauvages et la qualité de l’eau. C’est avec les petits ruisseaux que l’on fait des grandes rivières !

LE LABEL EQUURES

 
Créé par le Conseil du cheval de Normandie en 2014 et agréé par le ministère de l'Agriculture, c'est le premier label environnemental et bien-être animal de la filière équine. Sa raison d'être : encourager les pratiques bénéfiques pour l'environnement et le bien-être animal (économies d'énergie, protection des ressources et de la qualité des sols, de l'air, santé des animaux...). Le Parc s'engage à valoriser les centres labellisés et accompagner ceux qui souhaitent
intégrer la démarche, via des expertises et aides financières. www.label-equures.com

LE PARC, TERRE D’ÉQUIDÉS

 
Proche de Paris mais dotée d’une diversité d’espaces naturels, le territoire du Parc est particulièrement prisé des amateurs de chevaux. On compte 35 000 licenciés, 98 structures équestres, couvrant au total 3000 hectares et hébergeant environs 3 200 équidés - sans compter les particuliers qui ont des chevaux dans leur propriété. De nombreuses petites structures familiales de moins d’un hectare côtoient quelques gros centres équestres, dotés d’importants moyens, tels le Haras de la Cense, le CEZ de Rambouillet, ou bien une écurie des Bréviaires, aujourd’hui centre de remise en forme équin. Toutes les activités sont représentées : pensions, écuries de propriétaires, élevage, centres de formation, écoles d’équitation, écuries de courses et hippodrome, tourisme équestre... La majorité des centres proposent des cours, stages et concours.

 

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