Dans la Charte du Parc :
- Objectif opérationnel 35 : Favoriser la diversification des activités agricoles, les filières courtes, les démarches qualité et environnementales
Les indicateurs du suivi :
- Evolution du nombre d’exploitations en circuits courts
Les circuits courts
Un circuit court est un mode de commercialisation des produits qui s'exerce soit par la vente directe du producteur au consommateur, soit par la vente indirecte à condition qu'il n'y ait qu'un seul intermédiaire entre le producteur et le consommateur. La distance géographique n’est pas retenue comme déterminant a priori un circuit court. Elle est toutefois prise en compte pour distinguer des circuits courts dits « de proximité » ou « locaux ».
Constitutifs pendant longtemps de l’agriculture de proximité des villes, puis déclinant avec la croissance du système agro-industriel mondial, les circuits courts connaissent aujourd’hui un regain de vitalité, notamment dans le périurbain. En effet, pour ces exploitations périurbaines, souvent handicapées par des contraintes liées au contexte (accès et coût du foncier, fortes pressions d’urbanisation, difficultés de déplacement, relations de voisinage), les circuits courts représentent certainement une voie importante de maintien et de développement.
Les modes de commercialisation en circuits courts sont très variés. Si les formes traditionnelles perdurent, comme la vente à la ferme (toujours dominante), en marchés ou la ferme-cueillette, les circuits courts prennent aujourd’hui de nouvelles formes : vente par internet, AMAP (Association pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne), livraison de paniers aux entreprises ou dans les gares RER, distributeur automatique de légumes. Il est fréquent même que l’on rencontre au moins deux formes de circuits courts sur la même exploitation.
En termes de produits, les circuits courts concernent essentiellement les fruits et les légumes, ainsi que certains produits d’élevage (volailles, œufs, lait, fromages, miel).
On distingue principalement deux grandes catégories d’exploitations pratiquant la commercialisation en circuit court :
- Les exploitations « spécialisées » (maraichage, arboriculture, apiculture, petits élevages), souvent fragiles, de surface inférieure à la moyenne, avec une main d’œuvre supérieure. Alors qu’elles survivent mal sur le marché classique (prix de vente trop bas face aux charges croissantes), ces exploitations spécialisées peuvent tirer leur épingle du jeu lorsque des formes de circuits courts efficaces sont mises en place.
- Les exploitations « mixtes », adjoignant à une base céréalière majoritaire un atelier de production spécialisée (petit élevage, maraichage…). La surface moyenne de ces exploitations est deux fois moindre que celle des céréaliers « purs » et elles ont un fort taux d’emploi.
Adoptant des formes de production et de commercialisation très diversifiées et en constante évolution, les circuits courts sont encore difficiles à évaluer, par manque d’études et de statistiques et malgré leur place désormais significative dans l’agriculture contemporaine. Le recensement agricole intègre pour la première fois en 2010 des indicateurs sur les circuits courts et la diversification agricole en général.
Notes :
- En prenant en compte les exploitations viticoles, la part de commercialisation en circuit court est d’un peu plus de 20%.
- Les statistiques concernent le territoire Parc classé en novembre 2011, soit 51 communes.
Les enjeux
Les circuits courts sont porteurs d’enjeux économiques, sociaux et environnementaux. En parcourant les études existantes à ce sujet (INRA, ADEME, etc.), il semblerait que les avantages soient nombreux, notamment sur le plan économique (sécurisation et diversification des revenus, redynamisation de l’économie locale) et social (renforcement des liens et réseaux). Les résultats sont cependant plus contrastés sur le plan environnemental (augmentation de la biodiversité cultivée, pratiques plus respectueuses, réduction des déchets de conditionnement mais bilan énergétique lié à l’organisation logistique moins bon que pour les filières longues, depuis longtemps optimisées).
Les enjeux en bref :
- Système gagnant-gagnant : Le consommateur se procure des produits frais qui répondent à son besoin de qualité et de traçabilité, le producteur vend ses produits au prix juste.
- Le producteur diversifie ses revenus et, dans le cas des AMAP, le paiement à l’avance les sécurisent. Il diversifie aussi sa production et suit généralement davantage les saisons, ce qui tend à rendre l’exploitation moins vulnérable aux aléas économiques et climatiques.
- Les circuits courts favorisent le maintien des emplois en milieu rural et seraient également créateurs d'emplois. En moyenne, les AMAP permettent de créer un emploi pour 40 familles adhérentes. La transformation et la vente des produits sur place mobilisent également du personnel.
- Les circuits courts sont généralement considérés comme une forme de renforcement du lien social entre producteur et consommateur mais aussi entre producteurs (coopération sur des projets collectifs, etc.) Les exploitants en circuits court tendent en effet à diversifier aussi leur réseau pour garantir le succès du circuit.
- Même si tous les producteurs en circuit court ne sont pas certifiés « Agriculture biologique », ils décrivent fréquemment leurs pratiques comme « proches du bio ». Ils utilisent moins d’intrants et favorisent les méthodes d’intervention manuelle.
- Le respect de la saisonnalité et l’optimisation de la logistique sont les points de vigilance les plus fréquemment cités par les études d’impacts environnementaux. Des produits cultivés localement mais « hors saison » sous serre chauffée pourront consommer plus d’énergie que des produits importés. Enfin, de grandes quantités, transportées sur de grandes distances de manière optimisée, peuvent avoir un impact « effet de serre » par tonne transportée beaucoup plus faible que de petites quantités, transportées sur des distances faibles dans des camionnettes peu remplies er revenant à vide. Il faut également prendre en compte le déplacement du consommateur, qui peut être amené à parcourir davantage de kilomètres en cas de dispersion des points de distribution. Par contre, si la logistique est optimisée, les circuits courts peuvent devenir très performants énergétiquement.
Les actions du Parc
En accord avec son projet de territoire, le PNR s’attache à valoriser les productions locales et à accompagner les producteurs et exploitants dans le développement de circuits courts de proximité et de qualité, notamment via le marquage de produits, la structuration des réseaux locaux, la promotion des produits et savoir-faire, l’appui à l’installation des agriculteurs et à la diversification des activités.
C’est dans ce sens que la mission Développement Economique du Parc a mis en place en 2014 une stratégie de marketing opérationnel en faveur des circuits courts de proximité. En effet, les producteurs locaux, ayant souvent peu de moyens humains, ont peu de temps à consacrer à la mise en place de plan de communication et au développement des réseaux locaux de distribution. Le Parc a ainsi mis en relation les producteurs et les distributeurs locaux et a modernisé les outils de promotion sur les lieux de vente (présentoirs de produits locaux, fiches produits et producteurs, affiches, etc.)
La réussite de ce projet est du aux liens forts qu’entretien le Parc avec les entreprises du territoire, notamment via l’aide aux investissements de création, de modernisation et de reprise d’entreprise qu’il gère depuis 15 ans et qui a concerné plus de 360 entreprises.
Résultats de l’opération en chiffres :
- 16 distributeurs et 8 producteurs du territoire ont participé à l’opération
- 35 produits locaux concernés
- 109 nouveaux référencements chez les distributeurs
- 213 références valorisées par l’opération
- 7000 € de dépenses pour les outils de communication et la réalisation d’une enquête de notoriété ex-ante (Programme 757)
L’opération de promotion des circuits courts sera prochainement reconduite et une étude sur l’offre et la demande de produits locaux va être lancée. Le Parc et le Civam de l’Hurepoix souhaitent en effet poursuivre leurs actions pour le développement des filières locales de qualité notamment dans le but de mettre en place des projets structurants (plateforme d’approvisionnement, Drive fermier, distributeur de légumes…) contribuant à l’ancrage territoriale des réseaux de distribution, à la valorisation du patrimoine alimentaire local et à l’amélioration des performances énergétiques liées à la logistique.
Il est au préalable nécessaire d’évaluer tant l’offre de produits locaux à court et moyen terme que la demande (restaurants hors domicile, commerces). Bien que certains leviers aient été identifiés (relocalisation du chiffre d’affaires des producteurs commercialisant hors territoire, implantation d’agriculteurs, diversification d’exploitation en grande culture, etc.), il convient de procéder à une étude quantitative exhaustive des potentialités.
Témoignage d’un producteur sur l’opération : Stéphane Rous – Ferme de Fanon (Senlisse)
« Depuis deux ans, j’expérimente la mise en place de mes productions dans plusieurs enseignes en Ile-de-France. J’ai réalisé des petites fiches qui présentent succinctement les produits et précisent qu’ils sont élaborés totalement dans le Parc de la Haute Vallée de Chevreuse. Je veux aujourd’hui privilégier les communes du Parc ; la proximité est aussi plus facile à gérer pour nous. Le lien direct entre les gérants des magasins qui vont mettre nos produits en valeur et inciter leur clientèle à mieux nous connaître est un très bon point. Chacun fait un effort, révise sa marge et tous en tirent des bénéfices. Cette tête de gondole « Parc » dans les supermarchés nous permettra de jouer la carte « Fait par nous, chez nous, pour vous ». En fonction de la saisonnalité de certains produits, il faudra que nous gérions au plus juste les quantités, ne pas s’engager auprès d’un trop grand nombre de point de vente, savoir dire « Au-delà, je ne sais pas faire » pour ne pas prendre le risque d’avoir un rayon vide au bout de six mois. »
La Marque Parc
Créée en 2005, la « Marque Parc » est une marque collective, propriété du Ministère en charge de l'Environnement et déposée à l'Institut National de la Propriété Industrielle. Elle peut être attribuée à des produits, des services d'accueil ou des savoir-faire.
Pour bénéficier de la marque, les entreprises, les agriculteurs, les artisans, etc. doivent contribuer au développement du territoire, à la construction de son identité, à la qualité de l’environnement et leur production doit être à dimension humaine et maitrisée. La marque est ainsi porteuse des valeurs des PNR.
On recense aujourd'hui plus de 260 opérations de marquage dans 39 Parcs, en lien avec plus de 2 000 entreprises dans les domaines agricoles, touristiques et artisanaux. Sur le territoire du PNR de la Haute Vallée de Chevreuse, une dizaine de producteurs locaux se sont vu attribués la marque « Produit » pour leurs fromages, viandes, farine, escargots et deux menuisiers la marque « Savoir-faire ».
Sources et liens utiles :